L’ange qui marche obstinément derrière toi
D’un soleil à l’autre
Ne projette aucune ombre sur la route
Pareil au vent qui passe.
Il murmure des paroles graves
Dans l’air plein d’abeilles
Et sans cesse soupèse ton âme en secret
Installe ses balances fines
Jusqu’au cœur noir de la nuit.
Si d’aventure il écartait ses doigts pleins de bagues
Dessus sa face auguste
L’éclat de son feu te surprendrait comme la foudre
Tu verrais du même coup
Dans un éclair
Luire ses hautes bottes vernies
Incrustées de miroirs polis
Et battre ses ailes immenses blanches
Si blanches et douces
Comme de la mousse
D’une telle douceur blanche
Que plus d’un enfant s’y noya
Désirant y poser sa tête.
1. Si on vous demandait de dessiner un portrait de l’ange gardien, de quoi aurait-il l’air d’après vous?
2. On imagine souvent un ange gardien comme une entité qui protège : quelles images dans ce poème inspirent la protection?
3. Quelles images sont, au contraire, plutôt graves ou sombres?
4. Pourrait-on comparer ce qu’évoquent des passages comme « soupèse ton âme en secret », « plus d’un enfant s’y noya » avec l’idée normalement rassurante qu’on a de l’ange gardien? Est-ce le même genre d’ange gardien que celui qu’on imagine a priori?
5. Il y a peu de ponctuation dans ce poème. Comment choisiriez-vous où prendre des pauses lorsque vous récitez ce poème? Pourquoi?
Activité d’écriture
Écrivez un poème à propos de votre propre ange gardien ou sur une impression que vous avez d’être parfois accompagn·e. Le poème doit inclure, entre autres, une description physique, une action et une description de ce que cette impression de présence vous fait.
Lien utile
La Fabrique culturelle présente la vidéo d’une entrevue d’un peu plus d’une heure avec Anne Hébert alors qu’elle vivait à Paris ainsi que la vidéo d’une seconde entrevue avec Danièle Bombardier, en 1993.
Hébert, Anne, « L’ange gardien », dans Œuvre poétique, Montréal, Boréal, 1992.